samedi 19 juin 2010

Michel Servet dans la pièce d'Ugo Rizzato


Dans la pièce historique d'Ugo Rizzato "Georges Biandrata, le renard et le lion", mise en scène par Valter Scarafia et jouée par la compagnie du Théâtre du Marquis (Saluzzo, Piémont, Italie) (lien). Ici, Michel Servet (joué par Ugo Rizzato lui-même), dans sa prison, reçoit la visite de Guillerm Farel (joué par Franco Bellino), pasteur réformé et bras droit de Jean-Calvin.

La conviction sincère et têtue de l'accusé et la morgue de l'inquisiteur. Tout cela parce que Michel Servet n'était pas favorable au baptême des jeunes enfants (le pédobaptême) et qu'il ne trouvait pas le dogme trinitaire dans le Nouveau Testament, ce qui est tout à fait exact (voir le récent billet de Michel Théron dans Golias-hebdo, rubrique "le blog du sacristain", intitulé "Trinité") !

Avec Michel Servet (brûlé vif à Champel, hors des murs de Genève) et d'autres anti-trinitaires emprisonnés et exécutés, l'unitarisme a ses martyrs. Elle en garde le souvenir ; elle en fait souvenance ; ce sont ses racines historiques. L'unitarisme a une histoire héroïque avec des personnalités dont elle est légitimement fière (voir notre site documentaire de La Besace des unitariens) et qui jalonnent son développement dans le temps et dans l'espace. Le dernier martyr fut le révérend Norbert Capek, gazé au camp nazi de Dachau en octobre 1942 (le culte des unitariens de ce mois de juin lui rend particulièrement hommage).

Une tradition est faite de personnes qui y croient et s'y consacrent.

Source : http://actua.unitariennes.over-blog.com/categorie-11383551.html

vendredi 18 juin 2010

Genève : une plaque explicative à la stèle Michel Servet


La Ville de Genève vient de compléter le monument expiatoire à la mémoire de Michel Servet qui, à l’occasion du 350e anniversaire de sa condamnation, avait été érigé en 1903 sur l’emplacement présumé de son bûcher, par une plaque explicative.


En rappelant les propos de Sébastien Castellion, contemporain de Jean Calvin, celle-ci, non seulement apporte des informations mais rectifie aussi l'affirmation de la stèle selon laquelle il s'agissait d' "une erreur de son temps". Or l'erreur fut bien d'abord celle de Jean Calvin qui via ses relations dénonça Michel Servet à l'Inquisition catholique, ce dernier habitant Vienne (en France), puis le fit arrêter lorsque qu'il s'aventura à Genève (c'est son domestique qui servit alors d'accusateur), mena bel et bien un procès inquisitorial, s'y acharna manifestement jusqu'à donner lieu au soupçon d'un règlement de compte personnel, le justifia par la suite haut et fort par un libelle et en fit une théologie de la condamnation de l'hérésie avec appel au bras séculier. L'opinion publique constata (soit pour applaudir, soit pour réprouver) que les protestants, en la matière, faisaient comme les catholiques !


Voici ce que dit cette plaque dont on ne peut que souligner l'opportunité.

Michel SERVET, (1509 ou 1511 – 1553), médecin et homme de science espagnol, né à Villanueva de Sigena, province de Huesca, région d'Aragon. On lui reconnaît la découverte de l’oxygénation du sang. Il publia plusieurs ouvrages théologiques, refusant la trinité et le baptême des enfants, qui furent jugés blasphématoires par les catholiques et les protestants de son époque.
Il chercha à faire reconnaître ses idées par Jean CALVIN, sans succès. Condamné à mort par les autorités de la Ville de Genève, pour hérésie, il fut brûlé le 26 octobre 1553.
Sébastien CASTELLION, régent du Collège de Rive, exilé à Bâle, s’éleva en défense post mortem contre le traitement subit pour hérésie et écrivit : «Tuer un homme, ce n’est pas défendre une doctrine, c’est tuer un homme. Quand les Genevois tuèrent Servet, ils ne défendirent pas une doctrine, ils tuèrent un homme
Ce monument, commandé à l'initiative d'Emile DOUMERGUE, historien français, doyen de la faculté de théologie de Montauban, est gravé sur les deux faces.


Source : http://actua.unitariennes.over-blog.com/article-geneve-une-plaque-explicative-a-la-stele-michel-servet-52500932.html

samedi 5 juin 2010

Le spectacle « conscience contre violence » en DVD



J'avais déjà eu l'occasion de parler de la pièce dans un précédent message (voir juin 2008 dans les archives du blog).


La troupe Tous Azimuts met à la disposition du grand public un enregistrement sous forme de DVD.


Pour le recevoir il suffit d'en faire la demande par courrier à la troupe accompagné d'un chèque de 8,- € (coût du DVD + frais de port par lettre suivie) à l'adresse suivante :

Cie Tous Azimuts

1 bis rue du Danemark

59100 Roubaix


IMPORTANT : Envoyez préalablement un mail pour connaître le montant du coût d'expédition en fonction de l'augmentation des tarifs postaux à : contact.tousazimuts.th@orange.fr ou tousazimuts.th@wanadoo.fr


Ce spectacle nous fait voyager dans le temps, nous ramenant à deux époques d'intolérance et de persécution.

Celle de la Genève de Calvin, théocratie puritaine ne souffrant d'aucune critique en matière de croyance, dont la persécution des hommes jugées hérétiques ira même jusqu'à les faire périr au moyen du glaive et du feu pour certains, et une autre plus proche de nous, celle de la barbarie nazie qui, au nom d'une idéologie de la supériorité, ôtera la vie à des millions de Juifs et aussi d'hommes et de femmes que le parti considérait comme nuisibles.


La pièce est une adaptation libre du livre de Stefan Zweig qui retrace la vie de Sébastien Castellion, jadis compagnon de Jean Calvin mais que celui-ci bannira de Genève après qu'il eu affirmé ses divergences d'opinion avec le « grand réformateur ».


Castellion devra se réfugier à Bâle où il mènera une vie compliquée, subira l'humiliation de ne pouvoir exercer son métier d'enseignant en lettres pendant une assez longue période de temps au point d'en être réduit à travailler comme ouvrier d'imprimerie et à ramasser du bois dans les cours d'eau.

Passant son existence entre un avenir incertain et la critique venu de Genève qui rêve de sa perte il mourra encore jeune d'épuisement.


Le spectacle à donc pour soucis principal de mettre en parallèle les discours du « Pape de Genève », imprégnés de certitudes et de brutalité et ceux de l'exilé de Bâle, pleins de sève et d'humanité.


Liens :


http://tousazimutsletheatre.fr/spectacles03.html


http://www.dailymotion.com/video/x20pve_castellion-contre-calvin-conscience_creation


http://libertedecroyance.blogspot.com/2008/06/conscience-contre-violence-castellion.html


mercredi 2 juin 2010

Le monument Michel Servet à Paris

Un peu d'histoire autour de ce monument érigé en 1908 situé Square de l'Aspirant Dunnant à Paris face à la mairie du XIVème arrondissement et au contexte plutôt surprenant.

Confiée « à la garde du peuple », comme on peut le lire sur son socle, la statue est l'initiative non d'un comité de libre penseurs ou de protestants repentants mais du catholique Henri Rochefort, républicain d'origine aristocratique (de son vrai nom Henri de Rochefort-Luçay), journaliste polémiste et homme politique (membre du Gouvernement de la Défense nationale à la chute du Second Empire) qui s'est illustré lors de la Commune de Paris mais qui se rapprocha progressivement du boulangisme et de l'extrême droite. Il fut notamment du camp des anti-dreyfusards, un changement radical chez celui qui fut tant l'ami de Victor Hugo.

Pourquoi donc un catholique nationaliste souhaita-t-il ériger une statue en l'honneur d'un homme qui inspira la libre pensée et qui, condamné pour hérésie, finit brûlé en effigie par le clergé ?
Souvenons-nous que ce sont les protestants qui ont brulé Servet pour de vrai, alors qu'il était finalement l'un des leurs.
L'image fratricide était idéal pour lancer un message aux protestants d'Alsace et de Lorraine qu'il accusait d'avoir soutenu l'Allemagne en 1870 et d'avoir ainsi fait perdre les deux régions à la France.
Qui plus est le radicalisme de Servet qui ne renonça pas à ses idées au risque d'y laisser sa propre vie pouvait servir de message de propagande aux nationalistes qui rêvaient de revanche.

Son sculpteur Jean Baffier, d'origine berrichonne, était lui aussi catholique. C'était un homme connu pour ses idées réactionnaires, voir anti-sémites et fut un fervent défenseur du régionalisme. D'ailleurs il créa en 1888 dans le même arrondissement parisien la « Société des Gâs du Berry et aultres lieux du Centre ». Il écrivit pour le Journal du Cher, la Dépêche du Berry et fonda même son propre journal en 1886 Le Réveil de la Gaule.

La ville de Bourges a conservé deux croquis d'étude pour le monument à Servet que l'on peut voir en photo ci-contre. Les dessins sont exposés au musée du Berry.
On y retrouve la statue en elle-même mais également une copie de la célèbre gravure de Christopher Sichem datant de 1607 qui devait apparemment servir de modèle pour le monument.
Cette étude représente Servet la main droite le long du corps et la gauche sur le cœur. Finalement Baffier le sculpta les deux mains croisées en haut de la poitrine et portant des chaines comme sur le second croquis.

Un monument qui pourrait prêter à controverse mais dont on ne retiendra que la présence de l'homme Servet, le martyr devenu symbole de liberté, et non la récupération qu'ont cherché à en faire des acteurs de l'intolérance aux cœurs chargés de haine. Pour preuve Chrétiens unitariens et libres penseurs se recueillent auprès du monument depuis plusieurs années...

Liens :

Croquis n°1 sur le site Joconde


Croquis n°2sur le site Joconde


http://prolib.net/pierre_bailleux/unit/cu060.servet_paris.htm


http://actua.unitariennes.over-blog.com/article-29622675.html